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19 Mai 2021

Pourquoi choisir le statut coopératif quand on est une start-up ?

Le monde de la start-up s’intéresse et se déploie dans le secteur coopératif. Ce phénomène, qui émerge dans un contexte où la start-up fait l’objet de nombreuses critiques, est encore peu étudié aujourd’hui. Le Fonds de dotation de la FNBP a apporté en 2020 son soutien à une équipe de chercheurs de l’école Burgundy School of Business (BSB) pour comprendre ce qui amène un dirigeant de start-up à opter pour le modèle coopératif.

La start-up représente une source d’inspiration, un idéal pour les jeunes générations souhaitant développer une entreprise avec une liberté managériale. Pourquoi des startuppers font-ils le choix d’une gouvernance coopérative, qui peut paraître en décalage avec l’image habituelle de la start-up ? Choisissent-ils tous la même forme de coopérative ? Comment cette forme de gouvernance se met-elle en place dans une start-up et que permet-elle qu’une autre gouvernance ne permet pas ?

C’est pour répondre à toutes ces questions que le Fonds de dotation de la FNBP (partenaire et membre fondateur depuis 2015 de la Fondation de l’école Burgundy Business of School) a soutenu le projet scientifique axé autour du « Comment et pourquoi se met en œuvre un modèle coopératif au sein d’une start-up ? ». Ce projet est mené par l’équipe « Axe finance gouvernance RSE » composée de 20 enseignants chercheurs et coordonnée par le Dr Isabelle Allemand, avec la contribution de l’équipe « Entrepreneuriat & Innovation » de BSB.

Leur recherche exploratoire s’est appuyée sur la méthode biographique. Cette approche méthodologique permet de centrer l’analyse sur les fondateurs et de comprendre « l’agir en situation ».  Elle identifie dans leur parcours de vie les facteurs clés ayant influé dans leur volonté d’entreprendre.

La compréhension des raisons du choix de la gouvernance coopérative, et leur mise en œuvre dans le cadre des start-ups, peut ainsi être reliée aux expériences vécues des dirigeants et mise en relation avec leur environnement personnel et leur parcours de vie. Par la mise en œuvre d’entretiens narratifs, au cours desquels le chercheur demande à son interlocuteur de lui raconter tout ou partie de son expérience vécue, cette méthode permet d’appréhender des « processus fins » que les méthodes classiques ne peuvent saisir. L’approche biographique est un « récit de vie ».

Les résultats de leurs travaux montrent que les différents éléments des parcours de vie des dirigeants interrogés, leurs moments pivots, construisent un engagement progressif qui vient en support des choix de gouvernance et de management opérés dans le cadre de leur entreprise.

L’explicitation par les dirigeants de leurs principales influences, expériences importantes, rencontres significatives, crises de sens ou de valeurs, permet de comprendre comment elles s’incarnent dans leurs conceptions du travail et de l’organisation mobilisées dans l’entreprise coopérative : une conception démocratique et égalitaire, une quête continue de sens autour d’un projet commun et de l’importance de l’équipe, un positionnement alternatif par rapport à un modèle de start-up décrit comme plus classique.

Enfin, on peut ajouter que le modèle coopératif est choisi justement parce qu’il permet des pratiques qui incarnent un contre-modèle d’entreprise start-up.

Les conclusions de ces travaux ont présentées lors du 15e Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME (CIFEPME) du 18 au 21 mai 2021.

Premières conclusions

• Liens forts entre les choix entrepreneuriaux des acteurs interrogés et leurs parcours de vie.

• Le vécu de plusieurs étapes clés a forgé des choix, des valeurs, qui aboutissent au choix du statut coopératif.

• Effet déclencheur d’une « crise de sens » apparue à un moment ou un autre de leur parcours, qui a mené au choix coopératif.

• Ressenti que la force du modèle coopératif ne se situe pas dans le « statut », mais dans la « pratique ».

Source : 

« Mise en oeuvre du modèle coopératif au sein d’une start-up. Une analyse par la méthode biographique ».
Par Sophie Reboud, Oliver Toutain, Emmanuel Zenou, Alexandre Pourchet,
CEREN EA 7477, Burgundy School of Business, Université Bourgogne Franche-Comté, Dijon, France.
15e Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME (CIFEPME) 2021 – 18 au 21 mai 2021.