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09 Juin 2022

Les actes du premier congrès des Banques Populaires, un document d’archives pour (re)découvrir la genèse du réseau

En 1889, les Banques Populaires naissantes sont disséminées et isolées. Elles doivent s’entraider pour se maintenir et se développer. Vieux de 133 ans, les actes de ce premier congrès témoignent de la nécessaire constitution d’un réseau pour développer le crédit populaire.

En 1888, dix ans après la création de la première Banque Populaire, fondée à Angers par Ludovic de Besse, la constitution d’un réseau apparaît nécessaire pour poursuivre et étendre le crédit populaire auprès des artisans et des commerçants, une œuvre de « haute portée sociale » comme le déclare Charles Vincens*, lors d’un banquet donné par la Banque Provençale à l’occasion du troisième anniversaire de sa fondation le 25 novembre de la même année. Il poursuit : « Le nombre des Banques Populaires, en France, est encore bien restreint. Correspondez avec celles qui existent, communiquez-leur vos vues ; unissez-vous avec elles, puisque l’union fait la force. Je me demande pourquoi vous n’affirmeriez pas votre vitalité en prenant l’initiative d’un congrès, qui réunirait à Marseille les délégués des quelques banques similaires qui existent en France ».

Un comité d’initiative est constitué pour organiser le premier congrès des Banques Populaires à Marseille l’année suivante, sous la présidence d’Eugène Rostand**. À une condition : la participation de sept Banques Populaires minimum est requise pour que le projet soit maintenu. Parmi les vingt recensées à l’époque, onze répondent présentes et dix le seront effectivement.

Dès les premières lignes des actes du congrès, le constat est net : les Banques Populaires « s’ignorent les unes des autres ». Les 178 pages que comptent les actes font également état des difficultés que connaissent les Banques Populaires, notamment à équilibrer les comptes sur le long terme, pouvant compromettre la fourniture de crédits. Est aussi pointé un manque de compétence ou de connaissance du métier de banquier, ces « pionniers » n’étant généralement pas issus de la profession bancaire. Plus surprenante à nos yeux contemporains est la question confessionnelle : les Banques Populaires devaient-elles réserver leurs services selon l’orientation religieuse des demandeurs de prêts ? Le choix de ne pas tenir compte de la confession de l’emprunteur et d’ouvrir le crédit à tous constituera une valeur fondamentale des Banques Populaires.

À son issue, date est prise pour un deuxième opus qui se déroulera l’année suivante. Ce premier congrès marque ainsi le début d’une longue série de rencontres similaires, qui se perpétuera jusqu’à aujourd’hui, avec par exemple l’Université des administrateurs Banque Populaire.

* Critique d’art et économiste, Charles Vincens est notamment président du comité des assureurs maritimes et membre du conseil des directeurs de la Caisse d’Épargne.

** Avocat, Eugène Rostand est administrateur puis président du conseil d’administration de la Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône. Il fonde le Centre Fédératif du Crédit Populaire avec Charles Raynerie et Ludovic de Besse, et participe à la fondation de la Banque Populaire de Marseille. Il prône la collaboration des Banques Populaires et des Caisses d’Épargne, et s’engage dans des groupes de défense des Banques Populaires au Parlement.