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13 Avril 2020

Les coopératives d’habitants, un vivre-ensemble autrement

Le modèle entrepreneurial coopératif est présent dans tous les secteurs. En France, il est leader notamment dans trois secteurs majeurs : la banque de dépôt, l’agro-alimentaire, et le commerce de détail. On le trouve néanmoins dans des secteurs d’activité plus surprenants comme celui de l’immobilier.

Une coopérative d’habitants, c’est quoi exactement ?

Ce sont des sociétés coopératives, propriétaires des logements qu’elles louent aux coopérateurs en échange d’un loyer et d’achat de parts sociales. Les habitants sont donc à la fois propriétaires collectivement et locataires individuellement.

Comme dans toutes les coopératives, l’organisation de la structure est démocratique, avec l’assemblée générale comme organe d’administration, au sein de laquelle chaque membre dispose d’une voix. Le capital est constitué des parts sociales souscrites par les membres : les locataires doivent généralement déposer entre 5% et 10% de la valeur de leur logement, ce montant leur étant remboursé lorsqu’ils quittent la coopérative.

Les avantages de ce modèle

Un des objectifs de ce modèle est de fournir des logements au meilleur prix, en général prioritairement à ses membres. En effet, il permet de rendre inopérante une approche spéculative. L’immeuble partagé est la propriété de la coopérative et est donc utilisé conformément à l’objet social de cette dernière, à savoir répondre au meilleur prix possible au besoin de logement des coopérateurs.

Dans un monde où la propriété individuelle est symbole de réussite, les coopératives d’habitants définissent une autre approche. Elles favorisent particulièrement l’échange et la convivialité entre coopérateurs, une solidarité entre tous ainsi qu’un sens partagé des responsabilités. La gestion de la propriété partagée est influencée par la double qualité de sociétaire et d’utilisateur des coopérateurs. Ces derniers, quand ils prennent une décision concernant leur immeuble, ont ainsi le double point de vue du propriétaire et de l’usager.

Les coopératives d’habitants peuvent aussi constituer un espace d’innovation, tant en ce qui concerne les modalités de construction, les typologies de logements et la mutualisation d’espaces et de services, que sur le plan du bien-vivre social et des synergies avec le quartier et les acteurs de l’économie de proximité.

Enfin, la location permet aux membres de la coopérative une flexibilité au regard des événements de la vie, en changeant de logement dans la coopérative ou en diminuant la superficie d’occupation.

Où en est-on en France ?

En Suisse, 5% du parc immobilier serait construit sur le mode de l’habitat participatif, 15% en Norvège, 6% en Allemagne…
En France, c’est grâce à la loi Alur en 2014 que l’habitat participatif (qui peut prendre la forme d’une coopérative d’habitants) a acquis un statut juridique (l’article de loi en question).

Aujourd’hui, un modèle de coopérative d’habitants à la française commence à émerger : de taille moyenne, participative, épanouie parmi les autres acteurs de l’immobilier… Rabia Enckell, architecte paysagiste, fondatrice de Courtoisie Urbaine, start-up coopérative de l’habitat, présente dans cette vidéo ce modèle et la situation en France actuellement.